Zoom sur les nouveaux traitements de l’obésité

28/7/2025
Infos nutrition
Rédigé par Alexandra Tijoux

Avec l’approbation du remboursement de nouveaux traitements contre l’obésité, un sujet qui fait beaucoup parler ces derniers temps, il est essentiel de mieux comprendre ces innovations. Quelles sont ces nouvelles options thérapeutiques ? En quoi consistent-elles et comment peuvent-elles aider ceux qui luttent contre cette maladie ? Cet article vous propose un éclairage sur ces avancées.

  • L’obésité et les problèmes qui peuvent en découler 

L'obésité, maladie chronique se développant de plus en plus, est aujourd'hui l'un des défis majeurs de santé publique à l’échelle mondiale. Elle concerne aujourd’hui 17% des adultes en France et 8% des enfants et adolescents. L’obésité augmente considérablement le risque de développer d’autres maladies chroniques telles que le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ou encore certains cancers. Au-delà de ses conséquences physiques, l’obésité peut aussi affecter la qualité de vie, entraîner des problèmes psychologiques et générer une charge importante pour les systèmes de santé. Face à cette problématique croissante, la recherche de traitements efficaces devient essentielle pour améliorer la santé et le bien-être des patients concernés et leur offrir des solutions adaptées à leur situation. Mais cela n’est pas sans conséquence, il est donc important d’être bien renseigné et de prendre du recul à ce sujet.

  • Quand parle-t-on d’obésité ?

L’obésité est une accumulation excessive de graisse corporelle dont les raisons sont plurifactorielles : facteurs génétiques, type de morphologie, mode de vie sédentaire, alimentation déséquilibrée, stress chronique, troubles hormonaux (hypothyroïdies, diabète de type II, SOPK, surproduction de cortisol, …), manque de sommeil, apnée du sommeil, traitements médicaux, ainsi que des aspects psychologiques tels que la dépendance alimentaire ou les troubles du comportement alimentaire.

Pour diagnostiquer cette pathologie, il est donc nécessaire de prendre en compte :

  1. L'IMC, ou Indice de Masse Corporelle, qui est une mesure utilisée pour évaluer la corpulence d'une personne en fonction de sa taille et de son poids. Il sert principalement à détecter si une personne a un poids insuffisant, normal, en surpoids ou obèse. L'IMC correspond à un chiffre calculé en divisant le poids (en kilogrammes) par le carré de la taille (en mètres). Cependant, il présente certaines limites : chez les femmes (notamment enceintes ou allaitantes), chez les sportifs très musclés ou ceux ayant une masse musculaire importante, l'IMC peut ne pas refléter précisément leur état réel. Par exemple, un athlète avec beaucoup de muscle peut se retrouver de manière illogique en situation d’obésité. Ainsi, l'IMC doit être interprété avec prudence et complété par d'autres évaluations pour obtenir une image précise de la santé pondérale.
  2. Le tour de taille est aussi à prendre en compte afin de confirmer une obésité et évaluer les risques de comorbidités. Pour les femmes : un tour de taille supérieur à 80 cm est considéré comme un facteur de risque accru pour les maladies métaboliques et cardiovasculaires. Un tour de taille supérieur à 88 cm indique un risque élevé. Pour les hommes : un tour de taille supérieur à 94 cm est associé à un risque accru, tandis qu'au-delà de 102 cm, le risque est considéré comme élevé.
  • Quels sont les traitements qui existent aujourd’hui ?

Vous aurez sûrement entendu récemment parler de ces médicaments développés dans le cadre d’une prise en charge des patients souffrants d’un diabète de type II.

  1. Ozempic (semaglutide) : il s’agit d’un médicament initialement utilisé pour le diabète de type II, mais qui a montré une efficacité dans la perte de poids. Il agit en réduisant l’appétit, en ralentissant la digestion dans le but de prolonger la sensation de satiété, et en diminuant les envies de manger. Ces effets permettent une réduction de la consommation calorique, ce qui entraîne une perte de poids rapide. Principalement utilisé dans le cadre du diabète de type II pour réguler le taux de masse grasse, en cas de comorbidités importantes.
  2. Wegovy (semaglutide également) : il est spécifiquement approuvé pour la gestion du poids chez les adultes obèses ou en surpoids avec des comorbidités. La différence principale est que Wegovy est spécifiquement indiqué pour la perte de poids, avec une dose plus élevée que celle d’Ozempic. Ainsi, Wegovy est généralement plus efficace pour la perte de poids chez les personnes en surpoids ou obèses.
  3. Munjaro (tirzepatide) : il s’agit d’un nouveau médicament combinant deux mécanismes d’action, également destiné à traiter le diabète et potentiellement efficace pour la perte de poids. Il agit en ciblant deux hormones, le GIP et le GLP-1, dans le but de réguler les sensations alimentaires et limiter la prise alimentaire. Ces effets favorisent une perte de poids rapide. Contrairement à Ozempic ou Wegovy, Mounjaro est également utilisé pour traiter le diabète de type II, mais il montre une grande efficacité pour la perte de poids.

Pour éventuellement prétendre à être traité avec ceux-ci, il faut répondre, en France, à certains critères :

  1. Un IMC > à 35kg/m² prouvant la situation d’obésité et en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle bien conduite, en complément d'un régime hypocalorique et d'une augmentation de l'activité physique pour la gestion du poids.
  2. Un IMC > à 27kg/m², soit un surpoids, avec des comorbidités importantes, nécessitant un effet rapide et impératif pour la santé du patient (dyslipidémie, maladies cardiovasculaires, diabète de type II, apnée du sommeil, troubles articulaires, pathologies hépatiques, anxiété, dépression...).
  3. Un périmètre abdominal supérieur à 102 cm chez l’homme et 88 cm chez la femme.

  • D’accord, mais comment ça marche ?

Ces traitements agissent sur :

  1. L’appétit : ils réduisent la sensation de faim en agissant sur les centres cérébraux responsables de la régulation de l’appétit.
  2. La satiété : ils augmentent la sensation de plénitude après les repas, ce qui limite la future prise alimentaire.
  3. Le métabolisme: certains favorisent une augmentation du métabolisme de base, aidant ainsi à utiliser plus de calories au repos.

Il est important de noter que la prise de ces médicaments est généralement à vie. Ils peuvent effectivement engendrer une perte de poids d’environ 10 à 15 % la première année, et un maintien du poids la deuxième année. Il est également possible qu'une légère reprise du poids survienne lors de la troisième année, mais cela reste à confirmer par des observations ultérieures

Mais une fois le traitement arrêté : les sensations alimentaires d’avant traitement du patient reviennent car cela ne soigne pas mais c’est une aide qui permet de limiter les risques des conséquences de l’obésité. Néanmoins, attention car plusieurs cas patients se sont vus développer des troubles du comportement alimentaire avec la mise en place ou l’arrêt de ce traitement.

  • Pourquoi faut-il attendre aussi longtemps avant que ces traitements soient remboursés ?

L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) prend généralement du temps pour autoriser le déploiement de nouveaux traitements. En effet, lorsqu’il s’agit d’introduire des innovations en médecine, il est essentiel d’avoir suffisamment de recul pour analyser les résultats des études menées. Cela permet de s’assurer de leur efficacité réelle tout en évaluant précisément les risques potentiels. Ce processus rigoureux garantit que les patients bénéficient de traitements sûrs et efficaces, même si cela peut parfois retarder leur remboursement. Ces médicaments sont donc disponibles en France depuis quelques temps, mais l’autorisation de prescription via les médecins généralistes et leur remboursement ne sont disponibles que depuis quelques mois.

  • Côté scientifique :

Pour le sémaglutide :

  1. Étude STEP 1 (Wilding et al., 2021)
    Cette étude a montré que chez des adultes en surpoids ou obèses, environ 70 %ont perdu au moins 10 % de leur poids après traitement avec le sémaglutide 2,4mg. En comparaison, seulement 2,4 % du groupe qui n’a pas reçu le médicament ont perdu autant de poids.
  2. Étude STEP 2 (Rubino et al., 2021)
    Cette étude a confirmé que le sémaglutide aide aussi les personnes diabétiques en surpoids ou obèses à perdre du poids, avec peu d’effets secondaires importants.

Pour le Tirzepatide :

  1. Étude SURPASS-1 (Jastreboff et al., 2021)
    Chez des patients atteints de diabète de type II, le tirzepatide a permis de perdre en moyenne environ 11 à 12 kg, ce qui est plus que d’autres traitements contre le diabète.
  2. Étude SURPASS-2 (Pratley et al., 2021)
    Cette étude a montré que le tirzepatide est plus efficace que le dulaglutide pour faire perdre du poids et mieux contrôler la glycémie chez les diabétiques.

  • Ce que l’on peut entendre :

Comme pour toute nouveauté, il arrive que certains patients ou professionnels cherchent à en tirer profit, ce qui peut malheureusement avoir des conséquences néfastes. Cela soulève des questions éthiques concernant la pratique professionnelle, mais aussi sur la manière dont certains patients peuvent être incités à consommer ces traitements à tout prix, au risque de développer des comorbidités. Parmi les effets secondaires fréquents figurent des troubles digestifs tels que nausées (43,9 %), diarrhée (29,7 %), vomissements (24,5 %) ou constipation (24,2 %). Il existe également des risques biliaires, des problèmes de vision, des carences importantes, une déshydratation et surtout un risque accru de dénutrition dû à la perte de poids rapide et à la diminution de l’appétit. Il est important de souligner que même les personnes atteintes d’obésité peuvent être touchées par la dénutrition dans ce contexte.

  • Le mot de la fin :

Il est important de garder à l’esprit que prendre un médicament n’est pas une décision à prendre à la légère. Il est toujours préférable d’en discuter en toute confiance avec ses professionnels de santé, qui pourront vous accompagner dans un parcours de soin adapté. Le suivi régulier et la réévaluation des bénéfices et des risques sont essentiels pour s’assurer que cette approche reste la plus adaptée à votre situation. Considérons ces traitements comme des outils révolutionnaires qui peuvent soutenir notre démarche, surtout lorsque d’autres pistes n’ont pas permis d’obtenir les résultats souhaités. Il est également utile de rappeler que l’usage de ces médicaments doit rester réservé à leur indication médicale, afin de préserver leur disponibilité pour ceux qui en ont réellement besoin. L’objectif n’est pas de stigmatiser ou diaboliser ces traitements, mais plutôt de sensibiliser à l’importance d’une prise en charge globale. Une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et un suivi médical attentif restent les piliers essentiels pour une santé durable. En somme, il s’agit d’adopter une approche bienveillante et responsable, sous supervision médicale, pour prendre soin de soi dans la durée.