Microbiote et endométriose : le point sur les dernières avancées

13/10/2025
Santé féminine
Rédigé par Alexandra Tijoux

Actuellement, les dernières études présentent des avancées passionnantes sur le lien entre microbiote et endométriose. Déséquilibres bactériens, alimentation, inflammation, œstrogènes… tout semble étroitement lié. Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de prise en charge, où l’alimentation et la santé intestinale pourraient devenir de véritables leviers pour mieux vivre avec la maladie. Dans cet article, je vous propose de découvrir comment le microbiote influence l’endométriose, les pistes scientifiques les plus récentes, et comment soutenir naturellement son équilibre intestinal au quotidien.

  • Le microbiote : un allié essentiel à notre santé

Le microbiote intestinal, souvent appelé « flore intestinale », désigne l’ensemble des micro-organismes vivants qui peuplent notre tube digestif. On y trouve principalement des bactéries, mais aussi des virus et des champignons. Au total, cela représente près de 100 000 milliards de micro-organismes, soit environ 2 kilos de vie microscopique qui travaillent main dans la main avec notre corps !

Ce microbiote forme un véritable écosystème, unique à chacun, un peu comme une empreinte digitale. Il joue un rôle essentiel dans notre santé au quotidien :

- Il régule l’équilibre entre les différentes espèces de bactéries, maintenant une harmonie bénéfique dans nos intestins.

- Il participe à la digestion des aliments que nous ne pouvons pas dégrader seuls, et à la fermentation de certaines fibres, produisant ainsi des composés utiles comme les acides gras à chaîne courte.

- Il aide à protéger la paroi intestinale, empêchant le passage de substances indésirables dans le sang.

- Il soutient le système immunitaire, en apprenant à notre corps à distinguer ce qui est bon ou potentiellement dangereux.

Mais cet équilibre reste fragile. Il peut être perturbé par le stress, une alimentation déséquilibrée, certains traitements médicamenteux (comme les antibiotiques), une exposition aux perturbateurs endocriniens ou des maladies chroniques. Quand cela arrive, on parle de dysbiose : certaines bactéries bénéfiques diminuent, d’autres plus inflammatoires prennent le dessus. Ce déséquilibre peut alors favoriser une inflammation de bas grade, qui à long terme influence de nombreux processus dans l’organisme — y compris ceux impliqués dans des maladies comme l’endométriose.

  • Un lien avéré avec l’endométriose

On sait aujourd’hui que près de 50 à 80 % des femmes atteintes d’endométriose présentent aussi des troubles digestifs : ballonnements, douleurs abdominales, alternance diarrhée–constipation, ou encore cette sensation de ventre gonflé qu’on appelle souvent le “endobelly”. Si certains de ces symptômes peuvent être liés à la présence de lésions d’endométriose sur le tube digestif, ce n’est pas le cas pour la majorité d’entre eux. Cela suggère qu’un autre facteur entre en jeu — et le microbiote intestinal semble jouer un rôle clé.

Les recherches récentes montrent en effet que le microbiote des femmes atteintes d’endométriose n’a pas tout à fait la même composition que celui des femmes non atteintes. On observe notamment :

- Une diminution des bactéries bénéfiques,

- Une augmentation de bactéries pro-inflammatoires,

- Une perturbation du métabolisme des œstrogènes

Ce déséquilibre pourrait accentuer la production ou la recirculation des œstrogènes, déjà souvent trop élevés dans l’endométriose.

Ce déséquilibre du microbiote (ou dysbiose) contribuerait ainsi à maintenir un état inflammatoire chronique, dit de bas grade, à renforcer la douleur et à accentuer les symptômes digestifs. Comprendre ces interactions entre microbiote, hormones et inflammation ouvre de nouvelles pistes pour mieux accompagner les femmes dans la gestion de leur maladie.

  • Ce que nous apprennent les dernières recherches

Lors de ma participation annuelle au congrès RESENDO 2025, plusieurs recherches récentes ont apporté un nouvel éclairage sur les liens entre alimentation, microbiote et endométriose.

- L’impact de l’alimentation sur le microbiote

Des études menées chez la souris ont montré qu’un régime de type "Western diet" — riche en graisses, en sucres et en produits ultra-transformés — aggravait les lésions d’endométriose et déséquilibrait fortement le microbiote intestinal. Ces résultats confirment qu’un mode alimentaire occidental influence directement l’inflammation et l’évolution de la maladie.

- Le rôle d’une bactérie clé : Akkermansia muciniphila

Les chercheurs ont aussi observé la disparition quasi totale d’une bactérie bénéfique, Akkermansia muciniphila, chez les souris atteintes d’endométriose sévère. Cette bactérie contribue normalement à la santé de la muqueuse intestinale. Fait intéressant : au contraire, une présence trop importante d’Akkermansia pourrait aussi devenir néfaste, ce qui souligne l’importance d’un juste équilibre plutôt qu’un excès ou une carence.

- Des molécules protectrices produites par nos bactéries

Certaines bactéries du microbiote fabriquent des substances appelées acides gras à chaîne courte (comme le butyrate, le propionate ou l’acétate). Ces composés ont un effet protecteur : ils renforcent la barrière intestinale, régulent le système immunitaire et aident à diminuer l’inflammation de bas grade souvent observée dans les maladies chroniques.

- L’intérêt de l’approche FODMAPs

Enfin, une étude australienne a mis en évidence que réduire les FODMAPs (des sucres difficiles à digérer présents dans certains aliments)pouvait atténuer les symptômes digestifs et améliorer la qualité de vie des patientes atteintes d’endométriose. Néanmoins, cela n’étant pas le cas chez tout le monde, cette approche ne doit pas être systématique.

Ces découvertes confirment l’importance d’une alimentation équilibrée, de type méditerranéenne à visée anti-inflammatoire et respectueuse du microbiote, comme soutien global dans la prise en charge de l’endométriose.

  • Une voie prometteuse pour l’avenir

Les recherches autour du microbiote et de l’endométriose ouvrent une nouvelle page passionnante de la compréhension de cette maladie. Longtemps centrée sur les lésions visibles, la prise en charge de l’endométriose s’élargit aujourd’hui à une approche plus globale, qui prend en compte le corps dans son ensemble : immunité, inflammation, digestion et équilibre hormonal.

Si la science n’a pas encore toutes les réponses, une chose est sûre : notre microbiote joue un rôle clé dans notre santé. En prendre soin à travers une alimentation variée, diversifiée, riche en fibres tolérées, en aliments peu transformés et en molécules anti-inflammatoires est une façon simple et naturelle de soutenir son équilibre.

Dans les années à venir, il est probable que les traitements de l’endométriose intègrent davantage cette dimension : rééquilibrer le microbiote pour réduire l’inflammation, améliorer la digestion et, peut-être, atténuer les douleurs. En attendant, chaque petit geste compte : écouter son corps, privilégier des repas faits maison, diversifier son assiette, et nourrir ces milliards de bactéries qui, silencieusement, œuvrent chaque jour pour notre bien-être.