Et si la bienveillance était la meilleure des vitamines ?

Chaque année, novembre arrive avec sa lumière plus timide, son rythme plus lent et ce petit creux de moral qui s’installe sans prévenir. Les journées raccourcissent, le froid s’installe, et avec lui, souvent, une fatigue diffuse : celle du corps, mais aussi du mental. C’est une période où l’on cherche instinctivement le réconfort, dans la chaleur d’un plat, une couverture douce ou un moment au calme.
Et si cette baisse d’énergie n’était pas un signe de faiblesse, mais un signal du corps pour nous inviter à ralentir ? Et si, au lieu de chercher toujours à “faire mieux”, “manger mieux”, “être plus productif”, on essayait simplement d’être plus bienveillant avec soi ? La bienveillance, c’est un mot qu’on entend beaucoup… mais qu’on oublie souvent d’appliquer à soi-même (moi la première!). Pourtant, elle pourrait bien être, selon moi, l’une des vitamines les plus puissantes pour notre santé physique, émotionnelle et digestive.
- La bienveillance, une vraie source d'énergie
Être bienveillant, ce n’est pas être laxiste, ni “tout laisser passer”. C’est simplement se parler, se traiter et s’écouter avec le même respect et la même douceur que l’on accorderait à un proche. Or, la manière dont on se parle influence directement notre corps. Les études montrent que le stress, la culpabilité et le perfectionnisme épuisent notre système nerveux et perturbent notre digestion, nos hormones et même notre immunité. À l’inverse, la bienveillance crée une sécurité intérieure : le corps peut enfin relâcher la tension. Le système digestif se calme, la respiration s’apaise, le sommeil devient plus réparateur… C’est comme si tout notre organisme soufflait enfin un “ouf” de soulagement. Et ce simple relâchement, ce retour à la douceur, agit comme une recharge naturelle.
- Se nourrir avec bienveillance : du carburant pour le moral
La bienveillance commence souvent… dans l’assiette. Combien de fois mange-t-on en pensant à ce qu’on “devrait” ou “n’aurait pas dû” faire ? Combien de repas sont accompagnés de jugements silencieux : “J’ai encore trop mangé.”, “Ce n’est pas assez sain.”, “Je manque de volonté.” Ces pensées, même discrètes, génèrent du stress alimentaire — un cercle vicieux où la culpabilité altère le plaisir et, paradoxalement, pousse à manger davantage ou à perdre le lien avec ses sensations. Manger avec bienveillance, c’est remettre du plaisir et de la curiosité dans l’acte de manger :
- Choisir ce qui nous fait du bien ici et maintenant,
- Accepter de ne pas manger “parfaitement” tous les jours,
- Savourer, écouter ses sensations, se reconnecter à la satiété,
- Comprendre que la douceur nourrit aussi bien le corps que le moral.
La bienveillance en nutrition, ce n’est pas une “faiblesse” : c’est un moyen d’équilibre durable. Car un corps qui se sent respecté coopère, alors qu’un corps contraint se défend.
- Bienveillance et digestion : quand le ventre se détend
En consultation, je vois souvent ce lien entre tension intérieure et inconfort digestif. Le ventre est une véritable caisse de résonance émotionnelle : stress, peur, culpabilité, exigence… tout s’y loge. Pratiquer la bienveillance, c’est offrir à son système digestif un environnement plus apaisé :
- Prendre le temps de respirer avant de manger,
- Se dire que l’on a le droit d’avoir faim, de se faire plaisir,
- Ne plus associer la digestion à la culpabilité ou à la peur de “mal faire”.
Souvent, ce simple changement de posture mentale suffit à alléger les symptômes digestifs (ballonnements, douleurs, lourdeurs). Car le corps fonctionne mieux lorsqu’il se sent en sécurité.
- Cultiver la bienveillance au quotidien : 5 pistes à explorer
La bienveillance ne se décrète pas : elle se cultive, pas à pas, comme une habitude douce à mettre en place au quotidien. Voici quelques pratiques simples que tu peux proposer à tes lecteurs (ou que tu peux partager toi-même !) :
- Commencer la journée sans exigence : avant de penser à la “to-do list”, prendre 3 respirations profondes et se demander “de quoi j’ai besoin aujourd’hui ?”
- Manger en conscience : savourer les textures, les couleurs, les arômes, même quelques minutes.
- Se parler avec douceur : remplacer les “je devrais” par “j’aimerais” ou “je choisis”.
- Prendre une vraie pause : 10 minutes sans écran, juste pour respirer, marcher, ou ne rien faire.
- Clore la journée avec gratitude : noter une chose, même petite, qui a apporté du bien.
Ce sont des gestes simples, mais répétés, ils agissent comme de petites doses de vitamines mentales.
- Bienveillance et santé : ce que dit la science
De plus en plus d’études confirment ce que beaucoup ressentent intuitivement : les personnes qui cultivent l’auto-compassion (une forme active de bienveillance envers soi) ont :
- Un stress physiologique moindre,
- Une meilleure régulation émotionnelle,
- Une digestion plus stable,
- Et même un meilleur équilibre hormonal.
L’auto-compassion favorise la sécrétion d'hormones comme l'ocytocine (hormone du lien et de la sécurité) et réduit la production de cortisol (hormone du stress). En d’autres termes : plus de bienveillance = moins d’inflammation, plus d’énergie. On retrouve ici une idée fondamentale : le corps ne guérit pas sous la contrainte, il s’épanouit dans la douceur.
Quand l'automne s'installe et que l'hiver pointe le bout de son nez, on croit souvent qu’il faut plus de vitamines, plus de compléments, plus de rigueur. Et si la vraie vitamine manquante était simplement… la bienveillance ? Une attitude intérieure qui nourrit, apaise et relie. Un rappel que prendre soin de soi, ce n’est pas cocher une liste parfaite de repas ou de routines, mais s’offrir un espace de douceur, de repos et d’écoute, même au cœur des journées (parfois trop) chargées. Alors ce mois-ci, au lieu de chercher à tout contrôler, essayons simplement de se parler avec bienveillance. C’est peut-être le plus beau cadeau que l'on puisse offrir à son corps.


